Mon nom c'est Momo et je suis fils de pute

« Momo » pour « Mohammed », j’en sais guère plus

Il y a 11 ans de ça quelqu’un m’a déposé

Chez Madame Rosa, la vieille juive du quartier

 

Elle a été belle, Madame Rosa

Autant que maintenant elle est vieille

Elle se défendait avec son cul

Sur le trottoir rue Blondel

 

Je m’appelle Momo et je suis fils de chien

Mon père a tué ma mère à coups de poings

Il l’aimait trop faut croire mais heureusement

L’amour c’est pas héréditaire à la maison

 

La seule que j’aime, c’est Madame Rosa

Elle est moche et seule et vieille

Et je crois que si j’étais pas là

Personne ne voudrait d’elle

 

Je m’appelle Momo et je suis fils de rien

Je suis même pas daté, et rien ne prouve que j’existe

Je fais peur aux voitures ça me fait du bien

De me dire que pour moi des gens peuvent être tristes

 

Elle a beau me dire, Madame Rosa,

Que je suis pas tout à fait comme les autres

Je sais que la vie ça pardonne pas

Personne nous relève quand on se vautre

 

Je m’appelle Momo et j’ai la vie devant moi

Rien que d’y penser ça pourrait me rendre malade

Mais en fait l’avenir, je l’ai compris déjà,

Vu ce que le présent m’inspire, ça sera de la rigolade

 

Elle y croit fort, Madame Rosa

Elle dit que la vie peut être belle

Mais pour l’instant c’est pas le cas

C’est bien pour ça que je me démène

 

Je m’appelle Momo et je suis fils de pute

Mais jamais je me défendrai avec mon cul

Le cul c’est ce qu’il y a de plus sacré chez l’homme

C’est là qu’il a son honneur, enfin c’est tout comme

 

Elle insiste là-dessus, Madame Rosa

Parce qu’elle n’est pas éternelle

Et que bientôt elle s’en ira

Et que bientôt je serai sans elle

 

Oui elle insiste, Madame Rosa

Parce qu’elle n’est pas éternelle

Et que bientôt elle sera plus là

Et que bientôt j’aurai des ailes

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